Quand le sage montre la lune, Son Pépère regarde le doigt

Quand le sage montre la lune, Son Pépère regarde le doigt
Sur les pages de ce site, Son Pépère vous présentera ses réflexions sur le monde et ses dépendances. Il vous fera partager ses expériences de la vie courante, mais aussi ses recettes de cuisine et ses humeurs. D'avance, Son Pépère présente au lecteur éventuel ses excuses pour les idées qu'il aura affichées comme originales, mais qui ne seront peut-être que des banalités.

samedi 15 octobre 2011

Vallée de larmes

Rimes riches
A partir d'un livre qu'il n'a pas lu, mais dont il a entendu parler, Son Pépère se livre à des digressions dont lui seul connaît le fil conducteur.
Mais laissons-lui la parole.
Jacon, fidèle secrétaire
notons que Son Pépère parle souvent de lui à la troisième personne.


Son Pépère est fâché contre Pascal Bruckner, qui vient de sortir "Le fanatisme de l'apocalypse"1. Son Pépère ne l'a pas lu, et il ne le lira pas. Il craint en effet d'y trouver certaines de ses propres idées qu'il avait cru originales et qu'il souhaitait exposer ici.
Mais laissons de côté le livre de Bruckner, probablement clair, bien écrit et argumenté. Ce n'est qu'une pierre de plus dans le jardin en friche de Son Pépère.

Tu ne l'as pas lu? voici comment son éditeur le présente :

"En apparence, il n'y aurait rien a dire contre tous les discours qui prétendent sauver la Terre, en réduisant nos dépenses d'énergie, en consommant moins, en gaspillant moins, mais si l'on creuse sous la façade de la décroissance souriante, que trouve-t-on ?....."

Tout comme l'auteur, Son Pépère est parfaitement conscient des problèmes d'environnement. Il est globalement convaincu par les arguments des écologistes et il n'a d'ailleurs pas les compétences pour les réfuter. Par exemple, il n'est pas bête au point de penser que l'énergie nucléaire ne présente pas de risques terrifiants.
Mais les solutions aux problèmes de "la planète", comme on dit, sont toujours présentées selon le vieux principe que la rédemption ne peut venir que par la pénitence. Remarquons qu'il en est ainsi de la plupart des problèmes que nous rencontrons, qu'ils soient en relation ou non avec l'écologie.
Quelques exemples :
La façon dont nous produisons notre énergie a des répercussions préoccupantes sur notre environnement. Faut-il donc trouver des solutions alternatives? Le vent, la géothermie, le photovoltaïque? Cela ne suffira pas, nous devons aussi réduire nos dépenses! Si un jour on découvrait une source d'énergie abondante et sans danger, il se trouverait immédiatement des fâcheux pour affirmer que nous devons quand même éteindre les lumières, rouler à vélo, sentir mauvais et, ultime punition, fréquenter des toilettes sèches.
De la même façon, pendant des siècles, des précurseurs de l'écologie nous ont expliqué que la luxure et la gourmandise étaient des péchés. A cette époque, il fallait faire abstinence non pas pour la planète, mais pour le salut de notre âme; est-ce vraiment différent?

Voici quelques semaines, on publie une étude sur "les médicaments qui favorisent Alzheimer"2 L'information est largement diffusée; elle bénéficie d'un consensus universel.
On veut croire que l'étude a été sérieusement menée et que ses conclusions sont exactes. Mais là n'est pas l'important; ce qui fait le succès de cette nouvelle, c'est le plaisir d'apprendre  que les insomniaques et les déprimés devront enfin vivre pleinement les nuits blanches et les angoisses auxquelles ils avaient cru se dérober.
Multiplier les exemples ne ferait qu'enfoncer des portes ouvertes : le sucre et les graisses bouchent les artères, le sel est dangereux, les os sont mauvais pour les chiens et le lait pour les chats; bref, tout ce qui est agréable est néfaste.

Depuis des décennies, on recherche les dangers du café. Comme on compte un grand nombre d'adeptes de ce breuvage, il importe de montrer sa nocivité. C'est fait pour l'alcool et le tabac, ça devrait l'être aussi pour le café. Actuellement on n'a rien vu de sérieux; on se contente de dire qu'il ne faut pas en abuser; mais un jour, on trouvera la faille et un des derniers bastions de la permissivité tombera.
Son Pépère ne prétend pas que tabac, graisses, sucres, ou l'énergie atomique soient anodins; il remarque simplement que l'on se complaît dans le principe de l'expiation.
Et d'ailleurs les athées ne tremblent-ils pas, en voyant là une preuve de l'existence d'un créateur? Peut-on raisonnablement penser en effet que le hasard à lui seul puisse être si malveillant  qu'il aboutisse à un univers où tout ce qui est agréable est systématiquement mauvais? Quant à la sélection naturelle,  pourrait-elle ainsi se tirer autant de balles dans le pied? Il a bien fallu une volonté supérieure pour arriver à ce résultat.

Fort bien, mais son Pépère a-t-il une solution qui permettrait qu'on puisse s'épanouir dans ce monde hostile?
Il n'en a pas hélas. Il se contente de dénoncer, installé bien au chaud derrière son blog. Son Pépère est bien aise, il vit avec La Patronne. Il redoute toutefois le jour où, au petit matin, la radio lui apportera cette nouvelle :
" Dernière minute : d'après une étude du MIT, on vient de découvrir que La Patronne est toxique. C'est la perplexité dans le monde scientifique etc   ...."
En attendant, Son Pépère se cache, mange gras et profite.